Livre « VOTE BLANC LA LONGUE DEMARCHE » Editions L’Echarpe 1997 ISBN 269510742-5-5
Ce livre a subi lors de sa sortie des problèmes de relais médiatique. Il est plus que jamais en pleine actualité et aujourd’hui soldé. Pour le commander voir fin de l’article.
Quelques pages en partage…
Être citoyen. Des constats
«La liberté existe grâce aux insoumis» André GIDE
J’ai assisté, en m’engageant personnellement, en m’y opposant souvent, à tout ce qui s’est mis en place, tel un puzzle, au fil du temps, depuis 1960, pour créer la situation que nous connaissons et subissons, aujourd’hui, individuellement ou collectivement.
J’ai eu le sentiment, très rapidement, que nous étions en présence d’un phénomène qui prenait chaque jour plus de force sans que pour autant les responsables, à tous les niveaux, donnent l’impression de s’en alarmer. Il m’est apparu, avec le temps, et je suis persuadé de ne pas avoir été le seul à le penser, qu’aucune composante, citoyens, médias, personnels politiques, Justice, Etat n’était à l’abri d’atteintes graves.
La Société, dans toutes ses dimensions, a été gangrenée par le climat fait de laxisme, d’injustices, de recherche de conservation d’intérêts particuliers ou corporatistes, d’avantages acquis brisant la cohésion sociale, de corruption de plus en plus admise comme une fatalité, de complicités passives, de démobilisation générale, de dérives morales, de mensonges.
Une France en déliquescence dans un Monde en désuétude.
L’ensemble du «corps France», tout entier a été atteint, fragilisé. La contagion pernicieuse a, peu à peu, gagné l’entreprise, la famille, les institutions. Une société individualisée, faite de strates, sans grand dessein commun, s’est bâtie, s’est sclérosée, où trop souvent a prévalu et prévaut encore le droit par rapport au devoir, l’assistanat des individus, ce qui on le sait permet de les mettre, souvent, en état de plus grande dépendance, étant privilégié à la responsabilisation.
Peu à peu, la précarité, l’inquiétude ont gagné provoquant le «mal-être», le «mal-vivre». Les gouvernants, irresponsables, manquant de courage et de clairvoyance en jouant toujours sur la gestion des conséquences plutôt que de traiter les causes, n’ont jamais pris en compte les vrais problèmes de fond. Aussi tous les systèmes, au fil du temps, par contagion se sont grippés. Notre Société «Coca-Cola», américanisée, de plus en plus banalisée, a pris forme, s’est engluée, a pataugé dans ses contradictions. Les modes de vie ont évolué, ce qui est normal, mais pas forcément dans le bon sens pour l’individu, pour l’Homme. Très vite des repères se sont perdus.
La réussite individuelle, matérielle, véritable culte du Paraître rejetant l’Être, a été célébrée, est devenue valeur de référence. On a cassé dans les esprits les mécanismes favorisant la prise de risques et méprisé, cela est toujours vrai, celui qui a entrepris mais a connu l‘échec. Cela sans tenter d’en comprendre les raisons. En ignorant surtout tout le positif que l’on peut en retirer. On a feint, par peur, très souvent, d’ignorer les exclus dont le nombre, pourtant, n’a cessé de croître. Cela quand on ne les a pas condamnés comme étant responsables de leur sort. Sans procès, définitivement. Au lieu de créer les conditions de la liberté pour ceux qui entreprennent, on a sans cesse légiféré, engluant tout dynamisme.
La paupérisation culturelle de la télévision, prisonnière de l’audimat, des pressions économiques et politiques s’est poursuivie, s’est aggravée lamentablement. Les médias, nouvelle puissance, profitant des subsides des institutions et soucieux de ne pas prendre le risque d’en perdre les mannes, oublieux de leurs responsabilités d’informateurs, en mal d’éthique, se sont érigés, en juges. Les juges, en mal de saine justice, ont joué avec les médias. Le corporatisme, le poujadisme ont gagné, avec facilité, du terrain. Les syndicats dirigés par des fonctionnaires, états-majors le plus souvent sans troupe, financés par l’Etat, trop préoccupés à exister pour eux-mêmes ont laissé le champ libre aux groupes de pression, aux coordinations qui, naturellement, se sont multipliés et dont l’existence a amené, selon le niveau de leur puissance, à traiter, dans la rue, les revendications de manière sectorielle, en terme de rapport de force face à des gouvernants peu enclins au dialogue. Cela sans prendre en compte la dimension de la solidarité collective. Parfois utilisant le jusqu’auboutisme. D’où une atteinte portée à l’intérêt général, le plus souvent bafoué. Le règne de l’argent s’est imposé.
Un monde curieux est apparu où il appartient à ceux qui «pensent juste» avec bon sens, à ceux qui pensent avoir le bon droit pour eux, sont honnêtes, d’avoir à le prouver alors que dans le même temps on ne demande rien aux menteurs, aux tricheurs, aux profiteurs, aux manipulateurs.
Un monde où l’on cherche des excuses aux fauteurs de troubles qui portent atteinte à la dignité humaine, aux lois, en oubliant de prendre en compte la victime, d’où des dérives fâcheuses et la montée du sentiment d’injustice et de l’un de ses corollaires, la violence.
Un monde où chacun veut recevoir avant de donner, où chacun, condamnant souvent les privilèges, entend pourtant conserver ses propres acquis sans vouloir …partager.
Un Monde où on en appelle, en permanence, à l’Etat, au respect de ses droits en oubliant, de manière coupable, le plus souvent, ses propres devoirs. L’Etat, dont Pompidou disait qu’il est «l’émanation de l’ensemble des citoyens. Il doit protection aux faibles contre la loi du plus fort qui est celle de la jungle », se vide de sa substance. Il n’est plus au service du citoyen, n’apparaît plus comme son recours, n’assure plus l’équité, oublie les plus démunis. Il voit ses moyens se réduire au moment même où l’on veut imposer une Europe…des Etats… livrés à des politiciens véreux, disqualifiés !
L’ Etat qui n’apparaît plus, d’ailleurs, comme un rempart. On s’en rend compte avec la montée du règne des grands groupes et de la pratique de l’abus de position dominante, des délocalisations mortelles dues à la globalisation de l’économie qui parfois est niée ou semble être acceptée, trop souvent, comme une fatalité, inéluctable.
Aucun contre-feu, par manque de vision, n’a été mis en place. Sur le plan du pouvoir européen on a opposé le vide à ce séisme, quant on ne l’a pas encouragé, au lieu d’imaginer une véritable politique sociale et économique. Il est vrai que les députés européens français qui auraient pu en être les initiateurs, peu concernés, ont brillé le plus souvent, à ce niveau, comme on le verra plus loin, par leurs absences.
Des pans entiers de notre Société, chômeurs, habitants des banlieues déshumanisées, oubliés de la marche forcée en avant… vers on ne sait où d’ailleurs ou on le sait trop bien… forgent un monde à part. Une classe nouvelle, en rupture d’identité, qui n’attend plus rien, ne croit plus en rien, est potentiellement disponible à toutes les manipulations démagogiques, à toutes les instrumentations, à toutes les montées de la violence.
Le racisme, l’intolérance font leur lit.
Tout se «craquèle», se fracture sur le plan social. Les avancées technologiques, scientifiques, biologiques non maîtrisées quant à leurs conséquences à terme sur le plan de leurs utilisations, au seul bénéfice de la productivité, du toujours plus de profits immédiats, pénalisent l’Homme, aident à son asservissement, l’écartent du progrès au lieu de lui permettre de se libérer, de s’intégrer, de s’épanouir.
Tout cela en portant atteinte à notre environnement. A l’avenir des futures générations.
Les scandales, les affaires et autres magouilles se multiplient, polluent la vie publique, les esprits, en toute impunité pour les hommes politiques coupables. (Scandales 0F.24 juin 1989)
Les citoyens rejettent les partis discrédités qui n’ont plus leur confiance. Ces derniers ne répondent plus à leurs aspirations n’apportent pas les bonnes réponses à leurs vrais problèmes quotidiens. Plus grave, les citoyens se réfugient nombreux, s’abandonnent par dépit, souvent plus en signe de contestation que d’adhésion, dans des extrémismes qui, demain, risquent de les entraîner dans des aventures tragiques, de les aliéner plus encore. Ils forment de plus en plus nombreux, lors des scrutins les bataillons des abstentionnistes.
Le respect de la diversité culturelle des régions, élément des droits de l’Homme, richesse de notre patrimoine, est bafoué en permanence par l’Etat jacobin. Cela amène bon nombre de Bretons, Basques, Occitans, Alsaciens, à ne plus se reconnaître en lui et en ses représentants.
Un peu déboussolés, les Français n’ont pas, semble-t-il, pleinement conscience de détenir une richesse dont ils disposent toujours, la Liberté. Cette liberté qui s’étiole comme peau de chagrin avec l’arrivée de lois permissives qui risquent de mettre en danger leur propre avenir et celui de leurs enfants. Cette liberté qu’ils consomment comme l’air, dont ils usent sans discernement, qu’ils vicient chaque jour un peu plus comme ils le font pour l’élément vital qui les entoure.
La liberté, la démocratie cela se mérite.
Elles se créent, se défendent chaque jour grâce à la volonté, aux agissements de chacun d’entre-nous. Cela, quel que soit notre statut social ou culturel. La vigilance, pour leur sauvegarde, doit être de tous les instants. Chacun en est responsable, à un degré ou à un autre, comme l’étaient, de la survie du groupe, les «gardiens du feu» des temps immémoriaux.
La démocratie est elle-même porteuse de libertés. Elle est née en France d’un long combat. Elle ne peut subsister que par l’effort. Effort fait par le citoyen au niveau de ses propres devoirs. Effort fait par le citoyen qui doit être vigilant pour faire respecter ses propres droits en ayant pleinement conscience qu’il appartient à une communauté humaine. L’oublier est se préparer un avenir douloureux, chaotique.
Notre belle France centralisée est, en effet, potentiellement remplie de petits Ceauscu en puissance seulement soucieux d’assurer leur prochaine prise de pouvoirs. Ils ont la possibilité de démontrer leur capacité de nuisance pour peu que nos compatriotes continuent à exprimer des comportements individuels de complaisance, de soumission, d’incivisme, d’incivilité. Chaque jour qui passe les rapproche, nous rapproche d’une gouvernance autoritaire. Pour ne pas avoir à reconquérir, demain, comme en Roumanie, nos libertés perdues, mieux vaut agir, aujourd’hui, pour ne pas les perdre.
La Société à laquelle nous appartenons est souvent le reflet de ce que nous-mêmes en faisons.
Elle peut se déliter à l’identique des couples qui se défont, pour ne pas avoir eu la lucidité, la volonté de réinventer l’Amour, le respect de l’Autre, inconsciemment, imperceptiblement, à coups de petits renoncements, de non – remises en cause, de non – dits.
La perte de libertés n’est pas, à mon avis, une fatalité.
Elle est «seulement» le fait de l’individualisme, de l’insouciance, de l’égoïsme, du manque d’expression du libre-arbitre, du manque de formation et d’expression de l’esprit civique face à la recherche du pouvoir par certains, de la volonté de conserver des privilèges par d’autres, du refus de participation à la vie de la collectivité.
Nous sommes tous impliqués, tous concernés, tous coupables à défaut d’être tous responsables.
Les Français, doués pour rechercher chez les autres les responsabilités qui sont souvent les leurs, pour avoir longtemps laissé se forger leur avenir par procuration, par abandon, ne sont pas, loin s’en faut, exempts de critiques.
Il n’est pas de libertés sans le devoir de prendre ses responsabilités. Il n’est pas de civisme collectif sans civisme individuel.
Il faut donc que chaque citoyen reprenne conscience du rôle qui est le sien sans attendre que le voisin le fasse à sa place. Sans prendre le prétexte que les autres manquent à leurs obligations pour s’en exonérer soi-même. Chaque citoyen détient un pouvoir certain. Il lui appartient de le faire valoir. Il n’est pas aussi démuni qu’il le pense et que, souvent, on a voulu lui faire accroire. Il lui faut se faire entendre quand il est encore temps. Il lui faut participer et diriger sa vie en s’appuyant sur une véritable «écologie humaine».
Pour éviter que le scénario de son existence soit totalement écrit sans qu’il ait la possibilité d’y apporter sa contribution personnelle, il lui faut, en fait, être «acteur de sa vie».
POUR COMMANDER LE LIVRE
« VOTE BLANC LA LONGUE DEMARCHE » Editions L’Echarpe 1997 ISBN 269510742-5-5 460 pages.
Gérard GAUTIER 18 rue de Penthièvre 22000 Saint -Brieuc Courriel : blanccestexprime@wanadoo.fr
Tarif : 10 €. au lieu de 23 €. Plus frais d’envoi France 3 €.
Règlement par chèque bancaire.